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D3E ? Evénement Nous y étions ! Prospectives

Ecoconception et déchets d’équipements électriques et électroniques

Electrocycle, l’Asso D3E a participé à la matinale Apedec de l’écoconception du 25 octobre 2013. Cette matinale avec la journée « Music » s’inscrivait dans une programmation de deux jours co-organisés par l’Apedec et la ville de Montreuil.
Les raisons de cette invitation étaient variées :

  • Embryon de réflexions communes avec le Mozilab (tiers lieu initié par l’Apedec) sur les problématiques soulevées par les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE ou D3E) ;
  • Expérimentations en cours sur les déchets d’équipements électriques et électroniques avec notamment le projet de base de connaissances visant à déterminer les sous-ensembles réutilisables de D3E grâce à des ateliers ouverts de démontage/inventaire d’équipements électriques et électroniques ;
  • Connaissance des milieux hackerspaces et Fablabs.

La préparation de notre intervention fut l’occasion de nous interroger sur ce qu’est l’écoconception. L’écoute des autres intervenants, nous a permis d’avoir des illustrations de la manière dont, en pratique, elle était déclinée.
Quelques réflexions sur l’écoconception et un bref retour sur notre intervention.

1. Réflexions sur l’écoconception

Si nous avions rencontré de temps en temps ce mot, force est de reconnaître que nous ne savions pas le définir précisément. Cela ne nous avait pas empêché de réfléchir à l’ambiguïté du préfixe « éco ». Eco = économique. Comment gagner de l’argent avec un nouveau produit ? Eco = écologie. Comment concevoir des objets plus « responsables » ? [si tant est qu’un objet puisse devenir sujet et responsable !]

1.1 Définition

Dans Wikipédia, éco-design renvoie à écoconception qui est :
a. « un terme désignant la volonté de concevoir des produits respectant les principes du développement durable et de l’environnement, en – selon l’Ademe – recourant « aussi peu que possible aux ressources non renouvelables en leur préférant l’utilisation de ressources renouvelables, exploitées en respectant leur taux de renouvellement et associées à une valorisation des déchets qui favorise le réemploi, la réparation et le recyclage » , dans un contexte qui évoluerait alors vers une économie circulaire. »
b. « une approche qui prend en compte les impacts environnementaux dans la conception et le développement du produit et intègre les aspects environnementaux tout au long de son cycle de vie (de la matière première, à la fin de vie en passant par la fabrication, la logistique, la distribution et l’usage). » Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89co-conception

Derrière les mots, une réalité. Nos ateliers démontage/inventaire, ceux du groupe récupération du Festival des Utopies Concrètes (Fuc) et les matériels dit « ouverts » ou « open » aperçus au cours de nos pérégrinations, nous avaient fait toucher du doigt ce concept. Comme Mr Jourdain et sa prose, nous faisions de l’écoconception sans le savoir.

1.2 Electrocycle, l’Asso D3E et l’éco-conception

1.2.1 Le projet wEEEki

Au cœur des ateliers démontage/inventaire qui ont lieu à la Rockette Libre, il y a le désir de comprendre comment sont fait des équipements électriques et électroniques, de quelle manière ils fonctionnent et d’imaginer les réutilisations possibles des pièces détachées (appelées également sous-ensembles).
Une partie des réflexions de ces ateliers d’intelligences collectives sont reportées dans des fiches destinées à alimenter une future base de connaissances communautaires qu’on peut espérer ultérieurement connectée à Wikipédia. Un prototype de fiche est accessible ici. Un certain nombre de réflexions présentes sur les prototypes de fiches portent directement ou indirectement sur l’écoconception.

1.2.2 Matériels ouverts

Réutiliser des sous-ensembles, surtout en électronique nécessitent de comprendre comment ils fonctionnent. Sans documentation exploitable, la rétro-ingénierie, c’est souvent mission impossible. Au moins quatre paramètres rentrent en ligne de compte lors de la réutilisation : l’imagination, les compétences, les outils, et le temps qu’un bidouilleur est prêt à y consacrer. La documentation ou la communauté de bidouilleurs servent de variables d’ajustement.
L’écoconception, si elle est sensée recourir « aussi peu que possible aux ressources non renouvelables en leur préférant l’utilisation de ressources renouvelables, exploitées en respectant leur taux de renouvellement et associées à une valorisation des déchets qui favorise le réemploi, la réparation et le recyclage » se doit nous semble-t-il d’être « open-source ». C’est à dire transparente, participative et « non propriétaire ». Pour permettre la réutilisabilité de sous-ensembles, elle ne devra pas être trop « exotique » mais vraisemblablement favoriser une certaine standardisation. Attention donc aux promesses de personnalisation de nouveaux produits. Enfin, utiliser ce qui pour beaucoup est du déchet nous semble une piste intéressante. Voir par exemple .

Les intervenants de la matinée du 25 oct. sur l’éco-conception étaient nombreux. Le temps a manqué pour faire état de quelques unes de ces réflexions dans le format court que nous nous étions fixés.
Un bref résumé de ce qui a été dit … ou pas.

2. Retour sur l’intervention « Hackerspaces » du 25 octobre

Plusieurs des participants au cours des deux journées des 25 et 26 octobre ne nous étaient pas inconnus. Notre intervention suivait notamment celles de l’Ecodesign lab (ex-Mozilab), de la Collecterie de Montreuil puis celle de Flore, co-fondatrice de oui-share.
Lors du discours inaugural, le représentant de la mairie de Montreuil précisait que les participants étaient à un tiers des particuliers, un tiers des associations et un tiers des entreprises. Nous avons trouvé utile de rappeler cet élément d’information afin d’illustrer le fait que, parce que l’un des cofondateurs de notre association était en même temps dans ces trois catégories, nous ne rentrions pas dans les cases toutes faites. Puis, nous avons rebondi sur l’expression de Flore « économie collaborative » en annonçant dès le départ que si nous avions pu voir à l’œuvre dans les hackerspaces d’Ile de France le collaboratif, ce n’était pas vraiment le cas pour l’économie. La finalité de ces lieux n’est en effet pas économique. L’objectif, c’est comprendre, créer, échanger entre pairs.

L’objet de notre table ronde, choisi par Philippe, le président de l’Apedec, portait sur les hackerspaces. Nous avons d’abord présenté la manière dont nous les avions découverts puis quel était notre ressenti sur ces lieux. Enfin, nous en avons profité pour expliquer le projet D3E en axant notre discours sur les ateliers démontage/inventaire qui ont lieu chaque second vendredi du mois dans le cadre de la Rockette-Libre.

Sur les circonstances de la rencontre avec les communautés de hackers franciliens

Nous avons évoqué notre problématique de départ sur l’obsolescence des équipements électriques et électroniques. Après avoir identifié des lieux où des D3E étaient collectés, il fallait se mettre en rapport avec les personnes possédant un savoir faire sur les équipements électriques & électroniques et donc découvrir les hackerspaces d’Ile de France.
Remarquez que l’expression obsolescence programmée n’a pas été utilisée à dessein lors de la table ronde. En effet, notre association ne milite pas en faveur ou en défaveur de cette expression parfois démagogique. Nous étions présents à l’Electrolab et au TmpLab lorsqu’une journaliste pour un numéro du magazine d’information « Cash Investigation » consacré à ce sujet interrogeait des hackers. Ce qu’il en ressortait, c’est que mettre l’accent sur l’obsolescence programmée, c’est souvent mettre au banc des accusés les méchants industriels qui veulent faire de l’argent sur le dos des gentils consommateurs. Or, la réalité est plus compliquée. Le consommateur souhaite acheter l’équipement électrique & électronique le moins cher possible. Pour vendre ces produits au coût le plus bas, voici les solutions trouvées. Rogner sur la qualité des matériaux et payer le moins possible les ouvriers en délocalisant une production automatisée. De toute façon, pourquoi faire durée un produit qui se trouvera rapidement démodé par une nouvelle innovation ? Bien des équipements électriques & électroniques jetés ou collectés dans des ressourceries fonctionnent toujours.

Sur notre ressenti

Il est arrivé que nous parlions d’atelier ouvert ou d’open atelier en lieu et place de hackerspace. Nous avons en effet fréquemment noté, qu’à la différence de Fablab, apparu en France plus récemment, c’était un terme ayant une forte connotation négative dans les imaginaires collectifs. La raison est vraisemblablement à rechercher dans les discours des masses media assimilant les personnes commettant des actes de piratages informatiques à des hackers.
Nous n’avons pas utilisé le mot de makerspace, très commercial, qui nous semble incongru pour qui évolue dans des hackerspaces.
Nous avons mis l’accent sur la diversité des profils des personnes se rencontrant dans ces espaces de libertés et de création. On a évoqué certains principes de fonctionnement comme le DIY (fait le toi-même) et l’échange de connaissances entre pairs qui font à notre avis des hackerspaces des lieux de résilience et de créativité. Un terrain à notre avis propice à non pas seulement de l’innovation mais aussi à de l’invention.
Surtout, plutôt que d’expliquer concrètement ce qu’il s’y fait, nous avons encouragé l’assistance à les découvrir par elle-même.

Sur le projet D3E

Nous espérons que le site http://assod3e.org vous permettra de comprendre en quoi ce projet consiste !

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L’échange et la découverte d’autres projets sont toujours enrichissants. Cela permet parfois de mieux se positionner après coup. Certaines visions de l’écoconception nous ont semblé très élitistes, réservées aux experts notamment à l’industrie avec le respect de normes strictes et destinées à des publics ayant une certaine aisance financière.
Nous espérons, dans l’optique du tous acteurs – plutôt que du tous consommateurs – qu’il est et sera possible à chacun de contribuer selon ses capacités à l’écoconception.
Ainsi, plus que d’écoconception, nous préférerons parler de conception ouverte pérenne et intelligente.

Le 29/11/2013
CD

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