Catégories
Atelier bidouilles Rétrospectives

Réflexions sur un prototype de chauffage solaire fait main

Dans un précédent article, nous évoquions la notion de D3E 2.0 en référence à quelques équipements ménagers habituellement électriques voire électroniques réalisés à partir de déchets. Arrêtons-nous sur le chauffage solaire.

La recette pour faire un chauffage solaire

  • une documentation accessible sur http://solar.freeonplate.com/fr/panneau_solaire.htm,
  • un groupe d’amis un peu bricoleurs,
  • un lieu pour se retrouver et utiliser quelques outils,
  • des matériaux et du temps pour collecter ce qui sera nécessaire et organiser des ateliers d’intelligence collective pour construire le chauffage solaire
  • 30 euros pour acheter mastic et peinture noire résistante à de hautes températures

Le résultat est au RDV :

chauffage solaire
chauffage solaire

Les utopies concrètes, c’est possible !

Quel bilan tiré de cette expérimentation ? D’abord, que quand on veut, on peut. Nul ingénieur dans l’équipe qui a réalisé le chauffage solaire. Juste des personnes motivées n’ayant même pas toutes des compétences particulières en bricolage !
Ensuite, une expérience humaine riche où les uns et les autres se découvrent des capacités insoupçonnées qui ajoutées au travail de chacun donne une belle réalisation.
Enfin, une démonstration par l’exemple que ce que certains considèrent comme des déchets peut se révéler être une ressource. L’économie dite circulaire ne concerne pas seulement les entreprises mais chacun d’entre nous. C’est par des actes que l’ont pourra (peut-être) modifier le regard que beaucoup d’entre nous avons des déchets.

La réalisation n’est pas (encore) parfaite. La partie électrique (ventilateur) et électronique (thermostat et sondes de températures) ne sont pas encore montés. Aucune mesure précise n’a encore été réalisée sur la quantité de chaleur produite même si l’on peut expérimentalement valider que de l’air chaud sort. Il est vraisemblable que l’on pourrait fortement améliorer le rendement. En effet, les trous générant les vortex pourraient sans doute être optimisés. On pourrait même imaginer certaines améliorations dans le processus de fabrication comme par exemple utiliser un procédé d’anodisation plutôt que de colle polluante. Sans doute, serait-il aussi souhaitable de trouver une alternative à la peinture également polluante qui a été nécessaire pour que l’aluminium conserve mieux la chaleur.
Certaines questions comme celle de la propriété de cet équipement et de son usage n’ont pas encore été trouvés voire même pensés. Conçu dans le cadre d’un collectif pour démontrer la faisabilité d’une démarche et la pertinence d’un prototype, à qui appartiendra cet équipement ? Qui en sera responsable et devra un jour gérer sa fin de vie ? Qui le stockera ? Qui l’utilisera ?

Dans l’absolu, tout est criticable mais le résultat est indéniable. Le prototype marche. Dès lors, pourrait-on imaginer à plus grande échelle la construction de chauffage solaire en DIY (do it yourself ou fait soi-même) ? Quelles pourraient être les arguments qui iraient à l’encontre de cette extension ?

Tous avec un chauffage solaire en DIY ?

Pour les produits manufacturés et vendus, il existe une réglementation qui s’applique aux industriels. Tous doivent être homologués avant d’être mis sur le marché. Mais qu’en est-il des produits ou prototypes non vendus ? Gageons que si certains assureurs avaient la connaissance de ces produits installés dans des habitations, ils trouveraient sans doute matière à soit augmenter les primes d’assurance soit refuser d’assurer. Mais, il serait plus simple de leur poser la question…
Par ailleurs, quelles seraient les réactions des industriels s’ils faisaient face à une invasion massive de chauffage solaire fait maison ? Un lobby se mettrait-il en place pour interdire ces procédés pour des motifs divers. L’aluminium est un produit toxique, certains industriels pouraient-ils s’en souvenir pour souhaiter interdire au nom de la santé publique ces chauffages solaires ?
Nous manquons encore de recul pour connaître la durée de vie d’un tel produit. Rien n’est immortel. S’il a effectivement permis de réutiliser un certains nombre de matériaux déchets (dont des cannettes d’aluminium), la destruction un jour de cet équipement se fera-t-elle également de façon vertueuse ?

Pour conclure, le principal frein à une hyptothétique expansion d’équipements ménagers réalisés en DIY nous semble être tant nous-même que notre système, basé plus sur la consommation et l’achat, délaissant la réalisation par soi-même d’objets. Si toutefois, certains souhaitaient se lancer dans la création, qu’ils jettent un coup d’oeil sur le site faisons les nous même. Et, pourquoi pas, qu’ils rejoignent les effectifs des ateliers récup’ du groupe récupération du Festival des Utopies Concrètes !

Le 4/10/2013
Mis à jour le 5/10/2013
CD,

Laisser un commentaire